Au cours de leur vie, 20 % des individus sont exposés à des troubles veineux (1). Parmi eux, on trouve en grande majorité des femmes, bien plus exposées, notamment pendant leur grossesse. Pour traiter et soulager ces problèmes de santé dont les complications peuvent être graves, les bas de contention sont des alliés de choix.
Quelle est l'utilité des bas de contention ?
Si les bas de contention grossesse sont particulièrement utiles aux femmes enceintes, ils ne s’adressent pas qu’à elles, mais à toutes les personnes souffrant de troubles veineux : insuffisance veineuse, œdème, varices, thrombose…
Si ces troubles sont communs, au point de toucher une personne sur cinq, c’est que la circulation sanguine opère en effet un véritable défi contre la gravité, au moment où elle remonte vers le cœur. Pour désigner ce processus par lequel le sang, appauvri en oxygène et chargé en CO 2 , remonte vers le cœur, on parle de retour sanguin. Il peut être difficile, puisqu’un mètre vingt de hauteur sépare les pieds du cœur. Pour les veines profondes, cela ne pose aucun problème. Ces vaisseaux, qui représentent 90 % de notre réseau vasculaire, sont ancrés profondément dans notre chaire. Ainsi, ils bénéficient de la contraction des muscles autour d’eux, ce qui a pour effet d’exercer une certaine pression sur les veines, aidant le retour sanguin.
Mais pour les veines superficielles, situées juste sous la peau, l’exercice peut être difficile, car elles ne bénéficient pas de cette pression. Le risque est alors l’accumulation de toxines dans les veines, provoquant des douleurs, connues sous le nom d’effet jambes lourdes. Plus grave, cette insuffisance veineuse peut également mener à des conditions plus sérieuses,
comme la thrombose, soit la formation d’un caillot de sang dans la veine. Les bas ou collants de contention pour la grossesse vont alors permettre de créer artificiellement cette pression que les muscles créent sur les veines profondes. Ils vont ainsi serrer un membre, généralement les jambes, parfois les bras, et donc favoriser le retour veineux.
Pourquoi leur port est particulièrement conseillé lors de la grossesse ?
L’insuffisance veineuse touche de nombreuses femmes pendant leur grossesse. Et le risque est encore plus important en post-partum. Alors qu’une femme est cinq fois plus exposée à la formation de caillots sanguins lors de sa grossesse, elle l’est 20 fois plus après l’accouchement (2) ! La plus haute vigilance reste donc nécessaire dans les trois semaines après l’accouchement. Le risque le plus grave est celui de la maladie thromboembolique veineuse, nom scientifique de la formation de caillots sanguins. Elle est en effet l’une des causes principales de décès liés à la grossesse (3). Cela peut en effet dégénérer en embolie pulmonaire, c’est-à-dire l’obstruction de l’artère pulmonaire par un caillot. Ainsi, l’embolie pulmonaire est la cause n°1 de décès maternel dans de nombreux pays développés. De nombreuses autres affections peuvent être liées à l’insuffisance veineuse pendant la grossesse, dont les principales sont :
- Varices : dilatation excessive des veines.
- Effet jambes lourdes : jambes douloureuses, notamment au niveau du mollet.
- Crampes musculaires.
- Fourmillement dans les jambes.
- Œdème : chevilles ou pieds gonflés.
- Phlébite ou thrombose : formation de caillots sanguins.
- Hémorroïdes : la thrombose hémoroïdaire touche 8 % des femmes enceintes, et 20 % de celles ayant accouché il y a peu (4).
- Complications allant jusqu’à l’embolie pulmonaire.
Cette insuffisance veineuse, observée pendant la grossesse, est due à différents phénomènes biologiques. Les responsables sont notamment deux hormones dont le taux augmente dans le sang chez la femme enceinte : l’œstrogène et la progestérone. La première va provoquer un gonflement (œdème), tandis que la seconde aura pour effet de dilater les veines. À cela, s’ajoute le poids de l’utérus, qui va comprimer certaines veines, augmentant le risque de formations de caillots. Certaines femmes présentent des facteurs antérieurs à la grossesse qui augmentent le risque de souffrir d’insuffisance veineuse, tels que :
- L’âge : le risque augmente en même temps que l’âge de la patiente.
- Le nombre de grossesses : chaque grossesse supplémentaire augmente le risque d’insuffisance veineuse.
- La sédentarité : particulièrement dans le cas d’une immobilisation totale nécessaire avec certaines complications liées à la grossesse.
- L’avion : la pression en cabine peut également jouer un rôle.
- Le tabagisme.
- Les antécédents médicaux : et notamment la présence d’autres maladies vasculaires ou d’une insuffisance veineuse chronique.
Il est donc nécessaire aux femmes ayant déjà souffert d’insuffisance veineuse par le passé de porter des bas de contention pour femme enceinte. De même, leur port est conseillé dès les premières apparitions d’insuffisance veineuse : varices, jambes lourdes, fourmillements… Dans ce cas, on les portera dès le troisième mois de grossesse, mais aussi jusqu’à six semaines après l’accouchement, voire six mois dans le cas d’une césarienne. Les bas de contention de grossesse doivent être portés toute la journée, mais retirés la nuit. La circulation sanguine est en effet facilitée par la position couchée. Pour agir au mieux, il est essentiel de consulter un médecin qui indiquera la marche à suivre et prescrira éventuellement des examens supplémentaires.
Quel dispositif de contention choisir entre bas, collants et chaussettes lorsqu'on est enceinte ?
Il existe différents types de bas de contention, ou plus précisément, de bas de compression :
- Le bas de contention complet : il intègre la jambe entière jusqu’à mi-cuisse
- Les chaussettes de contention : qui n’intègrent que le pied et le mollet
- Les bas de contention pied ouvert : ils permettent de porter des sandales en été et sont plus confortables, mais la pression exercée est moins importante
- Les collants de contention pour femme : ils englobent tous les membres inférieurs, jusqu’au ventre, mais peuvent être inconfortables en fin de grossesse
En plus des différents modèles, il faudra également faire son choix concernant la pression exercée. On va choisir une pression plus élevée en fonction de l’importance du trouble veineux. Il est donc important de s’accompagner d’un médecin ou autre professionnel de santé, tel qu’un phlébologue, pour déterminer la bonne classe, c’est-à-dire la bonne pression. La Haute Autorité de Santé (5) compte quatre classes différentes :
- Classe 1 : entre 10 et 15 mmHg, une pression légère en prévention ou pour des troubles légers
- Classe 2 : entre 15,1 et 20 mmHg, une pression souvent recommandé lors de la grossesse
- Classe 3 : entre 20,1 et 36 mmHg, pour traiter des troubles veineux sévères
- Classe 4 : supérieur à 36 mmHg, en traitement des cas les plus graves.
Pour opter pour la bonne taille, il faudra ensuite s’assurer de prendre son tour de cuisse, de mollet et de cheville, ainsi que la longueur de sa jambe. Un professionnel de santé, tel qu’un pharmacien, une sage-femme ou un docteur généraliste pourront vous aider à prendre les mesures. Prévoyez plusieurs paires, pour les laver entre chaque utilisation. Il ne vous reste plus qu’à enfiler vos bas et profiter de jambes légères et de votre maternité !
Bibliographie
(1) Florian Dubois. Intérêt de la compression dans la préservation et l'amélioration du retour veineux chez un sportif pratiquant la course à pied. Sciences pharmaceutiques. 2020.
(2) Blin, A. (2023). L’insuffisance veineuse. Actualités Pharmaceutiques, 62(622), 53-55.
(3) Benhamou, D. (2010). Maladie thromboembolique veineuse et grossesse. J Gynecol Obstet Biol Reprod (Paris), 39, S1-S342.
(4) Battu, C. (2015). Accompagnement d’une femme enceinte présentant des troubles circulatoires. Actualités Pharmaceutiques, 54(550), 23-26.
(5) Haute Autorité de Santé. La compression médicale dans les affections veineuses chroniques. Décembre 2010.