Il est de plus en plus fréquent de voir des amateurs sportifs ou des athlètes plus confirmés porter des manchons de compression lors du running ou d’autres sports. Mais ces accessoires suscitent encore des interrogations quant à leurs bénéfices et la manière de les utiliser. Le manchon de compression a pourtant sa carte à jouer dans les performances et la santé des coureurs amateurs ou plus établis.
Qu’appelle-t-on un manchon de compression pour le sport ?
Les manchons de compression sont des bandeaux de tissu portés par les sportifs lors de l’effort ou après. Généralement portés au niveau des jambes ou des bras, le textile élastique du manchon exerce une pression sur les membres, de manière à avoir un impact sur l’afflux sanguin ou le positionnement des muscles.
Les manchons de compression sont issus de la médecine, où ils sont couramment utilisés pour traiter les grands brûlés ou les varices. Mais c’était avant qu’on ne réalise leurs nombreux bénéfices pour les sportifs, et notamment pour les coureurs. C’est en 1989, que le docteur Mickaël Prüfer, multiple champion du monde et médaillé olympique de ski de vitesse, réalise une thèse qui démontre l’intérêt des manchons de compression pour le sport.
Ce produit existe en effet différents modèles, selon l’effet souhaité et la partie du corps concernée. Pour les jambes, on trouve des manchons de compression pour mollets, cuisse, genou ou à cheville, voire certains qui englobent la jambe entière. Même principe pour les manchons de compression pour bras, bien qu’ils soient moins courants dans la pratique de la course à pied : ils existent pour les coudes, les avant-bras ou les bras entiers. Il existe également des modèles englobant les deux bras et les épaules en un seul bandeau textile.
De la même manière, il existe une large variété de technologies et de textiles impliqués dans les différents modèles de manchons de compression, selon l’effet escompté. Nylon, polyester, élasthanne, coton, polyamide, néoprène, velcro et autres matériaux permettent selon les cas des pressions plus ou moins accrues, ou d’autres bienfaits, comme une évacuation de la transpiration ou un effet massant. Par ailleurs, certains manchons sont conçus pour une pression progressive, alors que d’autres génèrent une compression dégressive.
Ils ont tout de même toujours une chose en commun : ils s’enfilent comme des chaussettes ou des manches, directement au contact de la peau, sur laquelle ils exercent une pression.
Pourquoi mettre des manchons pendant le sport ?
Les manchons de compression agissent tout d’abord sur la circulation sanguine, et plus particulièrement, sur le retour veineux. Le sang traverse en permanence notre organisme, et fournit aux muscles l’oxygène et les nutriments dont ils ont besoin. Pendant l’effort, le système musculaire nécessite d’autant plus d’oxygène, et la circulation sanguine est donc accélérée. Les muscles vont donc consommer cet oxygène et le sang va terminer son cycle en remontant vers le cœur, appauvri.
C’est ce retour veineux qui peut être difficile, puisque dans la distance d’un mètre vingt qui sépare les pieds du cœur, le sang défie la gravité. Il est particulièrement difficile pour les veines superficielles, qui représentent 10 % du système sanguin. Contrairement aux veines profondes, ancrées dans le muscle, elles ne bénéficient pas de la contraction musculaire pour stimuler le retour veineux. En conséquence, les toxines s’accumulent, et peuvent donner un effet jambes lourdes allant même parfois jusqu’à l’œdème. Dans la population, le risque de développer des complications veineuses est de 20 % (1).
C’est là qu’intervient le manchon de compression : il créé artificiellement cette pression sur les veines superficielles, proches de la surface de la peau, et permet donc de booster le retour veineux (3). Les effets sont donc immédiats lors de l’entraînement, en épuisant moins vite le muscle lors de la séance de running, mais se prolongent également dans la récupération : le muscle et le système veineux ayant été préservés lors de l’effort, et les toxines évacuées plus immédiatement, la récupération est moins douloureuse et moins longue.
Les bénéfices de l’optimisation du retour veineux sont alors nombreux :
- Amélioration des performances pendant le sport, par l’optimisation de l’oxygénation musculaire ;
- Effet jambes légères ;
- Prévention des risques de complications veineuses ;
- Réduction de la fatigue musculaire pendant et après l’effort ;
- Amélioration de la récupération ;
- Réduction des gonflements (2);
- Prévention des crampes ;
- Aide à la reprise après une blessure.
Un autre effet des manchons de compression, est d’agir directement sur le muscle, en plus du système veineux. La pression que le manchon de compression exerce sur le muscle est telle qu’elle le stabilise pendant qu’il est mobilisé. Ainsi, il a été démontré que les vibrations et oscillations musculaires, à l’origine des microlésions, et donc des courbatures, étaient significativement réduites en portant un manchon de compression pendant l’effort (4). La réduction de ces oscillations musculaires joue aussi un rôle significatif sur la prévention des blessures. Selon la pression exercée par le manchon, les vibrations et oscillations musculaires peuvent être réduite de 16 % à 20 % (4) !
Comment choisir et porter des manchons de compression ?
On peut d’abord diviser les manchons de compression en deux catégories : ceux des membres supérieurs, et ceux des membres inférieurs.
Les modèles de manchons de compression pour les membres supérieurs sont particulièrement adaptés à une pratique sportive mobilisant les bras comme celles du tennis, du basket, du handball ou de l’aviron.
Les manchons de compression pour la course à pied se positionnent donc sur les membres inférieurs :
- Les manchons de compression de la cuisse : ils sont particulièrement adaptés pour une mobilisation très forte de la cuisse et de grandes foulées, typiquement, pour la pratique du trail ou de la randonnée d’altitude, ils sont aussi adaptés dans le cas de crampes fréquentes des muscles de la cuisse ou de reprise après une blessure de la cuisse ;
- Les manchons de compression du mollet : ce sont les plus communs, car par la compression du mollet, le manchon localise les membres inférieurs, c’est-à-dire là où l’effet jambe lourde est le plus fort, et là où le retour veineux est le plus difficile, les manchons pour mollets sont donc optimaux pour la pratique de la course à pied ;
- Les manchons de compression du genou : ils permettent de stabiliser l’articulation du genou, et sont donc particulièrement intéressants lors de la pratique du cross training ou du soulevé de poids (haltérophilie) ;
- Les manchons de compression de la cheville : particulièrement adapté pour la récupération après une blessure, un œdème ou une inflammation de l’articulation de la cheville, mais aussi pour des faiblesses répétées de l’articulation ;
- Les manchons de compression de la jambe entière : ils sont particulièrement adaptés aux cyclistes ;
- Les chaussettes de compression running : elles aident à améliorer la circulation sanguine dans les jambes, réduisant ainsi la fatigue musculaire et le risque de crampes, tout en favorisant une récupération plus rapide après l'effortelles.
Il existe également des manchons à pression progressive ou dégressive. Les manchons à pression progressive sont plus communs. Ce sont d’ailleurs ceux qui ont été proposés par le Dr Prüfer, qui a introduit cette innovation dans le monde du sport. La compression progressive du manchon exerce une compression du mollet élevée et de plus en plus faible en descendant jusqu’à la cheville, et c’est le contraire pour la compression dégressive. Dans les faits, aucune étude n’a jusqu’ici permis de comparer les deux versions, et de tirer les conclusions des avantages de l’un ou de l’autre dans le cadre d’une pratique sportive.
S’il est important que la pression soit efficace, il faut à tout prix éviter l’effet garrot, qui serait contre-productif, en cela qu’il entraverait la circulation sanguine : tout le contraire de l’effet recherché ! C’est d’ailleurs pourquoi il est important de suivre correctement le guide des tailles, le cas échéant.
Une fois le manchon de compression sélectionné, il ne restera qu’à l’enfiler ! Là encore, la façon de le porter aura un impact sur la pression exercée. C’est pourquoi il est important de correctement suivre le sens de chaque paire de manchons de compression : il y en a parfois un pour la jambe gauche, et un pour la jambe droite, tout comme il y a un côté avant et un arrière, et une partie extérieure et intérieure. Il est donc indispensable de positionner correctement le manchon. Il ne doit pas être trop lâche, auquel cas sa pression serait nulle et son effet annulé, mais il ne doit pas non plus être trop serré, auquel cas il gênerait la mobilité et le confort, mais surtout, empêcherait la fluidité de la circulation sanguine.
Bibliographie
(1)Florian Dubois. Intérêt de la compression dans la préservation et l'amélioration du retour veineux chez un sportif pratiquant la course à pied. Sciences pharmaceutiques. 2020.
(2)Ménétrier, Arnaud, et al. "Effets d’une compression élastique portée au cours et au décours du Trail des Forts de Besançon." Kinésithérapie, la Revue 14.149 (2014): 35-41.
(3)Bringard, A., et al. "Compression élastique externe et fonction musculaire chez l'homme." Science & sports 22.1 (2007): 3-13.
(4)Lussiana, T., et al. "Effet dose-réponse de la compression élastique sur les vibrations musculaires." Science & Sports 30.2 (2015): 101-104.