La tendinite, ou plutôt, de son nom médical, la tendinopathie, est l’une des affections de la cheville les plus courantes. Douloureuse, elle peut affecter la mobilité et devenir un véritable handicap au quotidien, au point de nécessiter le port d’une chevillère. On vous dit tout pour la reconnaître, la comprendre et la traiter.
Les symptômes d'une tendinite à la cheville
Une tendinite est une inflammation des tendons, c’est-à-dire des liens fibreux qui relient les os aux muscles. Dans la cheville, un tendon bien connu de tous est par exemple le tendon d’Achille, qui joint les muscles du mollet au calcanéum, l’os du talon. Le talon d’Achille est le tendon de la cheville le plus fréquemment touché par une tendinopathie, mais tous peuvent être touchés, et notamment les fibulaires, deux tendons latéraux proches de la malléole. Dans le cas d’une inflammation de la gaine entourant le tendon, on parle de ténosynovite.
Cette inflammation qui constitue la tendinite de la cheville survient lorsque le tendon est excessivement sollicité ou subit des chocs répétés. Les symptômes sont les suivants :
- Douleur aigüe, qui peut aussi bien se manifester à l’effort qu’au repos, parfois irradiant jusqu’au genou ou dans le pied,
- Des rougeurs sur la peau, souvent accompagnées de sensation de brûlure,
- Un œdème, qui se traduit par une cheville enflée,
- Une perte de mobilité dans l’articulation, qui peut parfois mener à boiter.
Les causes d'apparition possibles de la tendinite à la cheville
La tendinite, ou tendinopathie, apparaît lorsqu’un tendon est sur-sollicité. Elle est donc particulièrement prévalente chez les sportifs et les travailleurs exerçant une profession physique (1).
Plusieurs facteurs peuvent augmenter le risque d’être touché par une tendinopathie de la cheville :
- Une activité physique intensive, dans le cadre du travail ou du sport, notamment les sports sollicitant beaucoup la cheville comme la course à pied, le football ou la danse,
- Une hyperlaxité,
- Des chaussures inadaptées (talon haut, mauvaise pointure, etc.),
- Un équipement inadapté (ballon de football trop lourd, par exemple),
- Le manque d’échauffements et d’étirements avant la pratique d’une activité sportive,
- Le surpoids, qui peut augmenter la charge pesant sur la cheville,
- Un défaut de marche ou déficit chronique de capacités proprioceptives (en d’autres termes, un manque d’équilibre),
- L’âge,
- Des anomalies anatomiques (pied creux, pied plat…),
- Une pathologie chronique,
- Le port fréquent de charges lourdes.
Les différents types de tendinite à la cheville
Chaque tendon qui compose la cheville peut donner lieu à une tendinite. On trouve ainsi les principaux types de tendinite suivants.
La tendinite du talon d’Achille
La tendinite du tendon d’Achille est la plus fréquente de la région de la cheville. Le tendon d’Achille, de son nom scientifique tendon calcanéen, représente le tendon le plus volumineux du corps ! Son inflammation provoque une douleur qui peut irradier dans la jambe, et impacte particulièrement la mobilité. Non-traitée, elle peut évoluer en une rupture du tendon d’Achille.
La tendinite fibulaire
Les tendons fibulaires, aussi appelés tendons péroniers, se trouvent sur la partie latérale externe de la cheville, à l’arrière de la malléole. On en dénombre deux : le court fibulaire, et le long fibulaire. La tendinite fibulaire, elle aussi, est très douloureuse dans l’extérieur de la cheville, au point qu’elle peut mener le patient à boiter.
La tendinite du tibial antérieur
Le tendon du tibial antérieur s’inscrit dans l’avant de la cheville, jusqu’au dessus du pied. C’est lui, qui permet de relever le pied. Cette tendinite provoque une douleur vive et une sensation de chaleur dans cette région située à l’avant de la cheville. On parle aussi de tendinite du releveur.
La tendinite du tibial postérieur
Le tendon du tibial postérieur s’inscrit dans la partie interne de la cheville, et passe à l’arrière de la malléole. Il a avant tout un rôle de stabilisation et de maintien du pied. La tendinite du tibial postérieur se manifeste par des douleurs allant de la malléole interne à la voûte plantaire et une inflammation.
Le traitement à suivre pour soigner la tendinite
Le protocole RICE (rest, ice, compression, elevation), ou en français le protocole GREC, est un geste de premier secours à effectuer pour toute lésion des tissus mous, comme une tendinite ou une entorse. Il consiste en plusieurs phases qui permettent de soulager la douleur :
- Du repos : il faut cesser immédiatement toute sollicitation de la cheville, pendant le temps que la zone reste douloureuse.
- De la glace : appliquer une poche de glace sur la zone douloureuse.
- Une compression : il faut la réaliser à l’aide d’un bandage, mais sans entraver la circulation sanguine.
- De l’élévation : il faut surélever la cheville, pour diminuer le risque d’œdème.
Ce protocole est à réaliser pour guérir une tendinite, dès lors qu’elle est douloureuse. L’application de glace permet de diminuer la douleur, de stimuler la circulation sanguine, et d’éviter que la cheville soit gonflée. Il faut répéter ce geste deux à trois fois par jour, pendant une vingtaine de minutes. Plutôt qu’une poche de glace, il est également possible d’utiliser une attelle de cryothérapie, plus pratique puisqu’elle maintient la glace contre votre tendon, tout en immobilisant la cheville.
Si le protocole RICE est un geste de premier secours à réaliser chez soi, le traitement d’une tendinite de la cheville nécessite toutefois une consultation médicale. Le médecin procédera à un examen clinique pour poser le diagnostic, et aura sûrement recours à l’imagerie médicale. Il pourra éventuellement prescrire des médicaments, notamment des anti-inflammatoires non-stéroïdiens ou des antalgiques.
Des séances de kinésithérapie sont aussi de mise pour soigner la tendinite de la cheville. Dans ce cas, le kinésithérapeute procédera à des massages de la zone, des exercices, des étirements, et de l’électrothérapie : une stimulation électrique pour muscler la zone sans irriter le tendon. Dans les cas les plus graves, une intervention chirurgicale peut être nécessaire, mais reste très rare (2).
À partir de quand peut-on marcher à nouveau et reprendre le sport ?
La marche avec une tendinite de la cheville ne pose pas de problème, sauf avis contraire du médecin. Dans ce second cas, une immobilisation par une attelle sera sûrement nécessaire, jusqu’à la guérison.
Concernant le sport, la règle d’or est de s’écouter. Si la zone est encore douloureuse au repos, il est trop tôt pour reprendre le sport. Si l’activité physique réveille une douleur, elle est à proscrire pour l’instant.
Suite à une tendinite, on préconise en moyenne environ un mois de repos, suivi d’une reprise douce, par des sports qui ne sollicitent pas ou peu la cheville, comme la natation.
La prévention de la tendinopathie
Pour prévenir l’apparition d’une tendinite de la cheville, il est important de s’échauffer avant chaque séance de sport. On peut alors effectuer différents mouvements :
- Effectuer une rotation d’une cheville, puis de l’autre, en position debout, pendant 1 minute chacune.
- Assis sur le sol, le dos droit et les jambes tendues en avant, ramener les pieds vers soi, puis les tendre, et répéter 20 fois.
- Effectuer 20 pas sur la pointe des pieds, puis 20 pas sur les talons.
- Debout, les pieds joints, fléchir les genoux pour atteindre une position accroupie, puis se redresser. Répéter 20 fois.
Il faut également veiller à ne pas sur-solliciter à nouveau le tendon, soit en réduisant l’activité physique si nécessaire, ou en la diversifiant, pour qu’elle soit moins concentrée sur cette zone du corps.
Sources
(1) Sancerne, A., & Kaux, J. F. (2015). Revue épidémiologique des tendinopathies les plus fréquentes. Journal de Traumatologie du Sport, 32(4), 223-228.
(2) Saillant, G., Thoreux, P., & Roy-Camille, R. (1989). La tendinite d'Achille chez le sportif. Science & sports, 4(4), 327-331.