Le canal tarsien, également appelé tunnel tarsien, est une région anatomique de la cheville située en arrière de la malléole interne. C'est la zone de passage des tendons et muscles du mollet tels que le tibial postérieur, long fléchisseur des orteils et long fléchisseur de l’hallux (gros orteil). C’est aussi par ce canal que l’artère tibiale postérieure, les veines tibiales postérieures et le nerf tibial (anciennement appelé nerf tibial postérieur) passent.
Ce qui nous intéresse dans cet article est le nerf tibial qui après son passage dans le tunnel tarsien devient les nerfs plantaires médial et latéral (innervant la face plantaire du pied) et les nerfs calcanéens médial et inférieur (innervant le talon).
Définition du syndrome du canal tarsien
Lorsque les structures qui composent ce canal sont trop à l’étroit, les symptômes, principalement neurologiques, résultent d’une névralgie du nerf tibial postérieur. C’est une pathologie que l’on retrouve notamment chez les coureurs, dans les sports de sauts et dans les activités amenant le pied en flexion dorsale et hyperpronation. C’est une pathologie peu fréquente et sous-diagnostiquée dont la symptomatologie est semblable à d'autres atteintes musculo-squelettiques. Il semblerait que les femmes soient plus touchées, mais il y a peu de valeurs épidémiologiques dans la littérature.
Il existe également le syndrome du tunnel tarsien antérieur, plutôt très rare et moins étudié dans la littérature scientifique. Celui dont nous parlons ici est le “postérieur”. Il est possible d’avoir une blessure associée comme une entorse par exemple qui pourra nécessiter le port d’une attelle de cheville adaptée à votre problématique.
Quels sont les symptômes ressentis ?
Les symptômes du syndrome du canal tarsien varient d’un individu à l’autre, mais le plus souvent sont ressentis :
- des troubles de la sensibilité sur une partie ou l’ensemble de la plante du pied. Soit un manque de sensibilité, dit hypoesthésie, ou alors à l’inverse une sensibilité accrue, c'est-à-dire une hyperesthésie.
- des douleurs au niveau du talon pouvant irradier la voûte plantaire et sous les orteils.
- des sensations de picotements et/ou de brûlure majorées la nuit et en position debout prolongée ou lors d’activités debout.
- une sensation de perte de force générale du pied.
- parfois, une déformation en arrière de la malléole (gonflement, tuméfaction).
D’autres pathologies au niveau du pied ont des symptômes similaires. Par exemple, pour des douleurs au talon, il est possible que ce soit une fasciite plantaire. Afin de vérifier vos symptômes et déterminer le bon diagnostic, orientez-vous vers un professionnel de santé, il vous indiquera la marche à suivre pour traiter votre pathologie.
Quelles sont les causes provoquant l'apparition d'un syndrome du canal tarsien ?
Les causes d’apparition de ce syndrome sont variées. Il peut résulter d’une lésion de l’une des structures le composant, comme une tendinopathie, une fibrose du nerf et des gaines qu’il traverse, un œdème ou encore un ostéophyte lié à l’arthrose. Une chaussure trop serrée ou inadaptée, un antécédent de traumatisme, une chirurgie dans la zone rendant les tissus fibreux/adhérents, une insuffisance veineuse provoquant un œdème généralisé des membres inférieurs ou une maladie métabolique tel que le diabète, sont les causes externes pouvant être à l’origine de ce syndrome. Certaines déformations de la zone, comme les pieds plats, peuvent favoriser l’apparition de cette névralgie.
Quel examen effectuer pour établir le diagnostic ?
Afin d’établir le diagnostic, le professionnel de santé recueille les signes cliniques du patient. Les symptômes précédemment évoqués tels que les troubles de la sensibilité et les douleurs irradiantes dans la zone permettent d’orienter vers un syndrome du canal tarsien.
Ensuite vient l'examen clinique avec un test de Tinel qui ressort positif.
Le test de Tinel consiste à tapoter le nerf sur son trajet de la malléole interne jusqu’à la face plantaire et la face médiale du pied. Il est positif quand il recrée les fourmillements ou paresthésies correspondant à la plainte du patient. Sa positivité s’explique par le fait qu’un nerf en souffrance notamment due à une compression est facilement irrité. Le test est à réaliser sur les deux pieds pour comparer.
Il existe également le test de triple compression qui consiste à amener le pied en flexion plantaire et en inversion afin de réaliser une compression des structures et de provoquer la douleur ou les paresthésies du patient. Ce test est à réaliser en combinaison du Tinel.
Enfin, pour confirmer le diagnostic et rechercher la cause, des examens complémentaires peuvent être réalisés :
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l’ENMG (électro-neuro-myogramme) : il s’agit de faire circuler un courant électrique dans le nerf d’un point A à un point B à l’aide d’aiguilles pour mettre en évidence un défaut de conduction nerveuse.
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l’échographie : elle permet de visualiser le nerf et les tissus mous avoisinants, et de constater l’état des structures passant dans le canal tarsien.
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l’IRM (imagerie par résonance magnétique) : elle permet d’observer l’état de toutes les structures osseuses comme molles au niveau du tunnel tarsien.
Quel traitement suivre pour se soigner et soulager la douleur ?
Le traitement va dépendre de l’origine des symptômes. En première intention, il est important de rechercher la cause, car il est possible qu’il s’agisse d’un mauvais chaussage. Si les symptômes douloureux persistent, un traitement médical (injections de corticoïdes ou médicaments anti-inflammatoires) peut être prescrit en parallèle de séances de kinésithérapie. Pour améliorer vos sensations au niveau du nerf tibial et accompagner votre récupération, il est possible d’envisager le port d’orthèses plantaires tel que des talonnettes amortissantes en prévention.
L’objectif est de réduire le gonflement et de drainer l'œdème si cette cause a été identifiée avec des mobilisations, massage et exercices. Si les traitements précédents n'améliorent pas la symptomatologie, une opération chirurgicale peut être envisagée en dernier recours pour décoincer manuellement le nerf.
Bibliographie :
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