Méconnus et pourtant essentiels au bon fonctionnement de notre corps, les fascias sont des membranes qui enveloppent les différents tissus de notre corps. Traditionnellement peu étudiés dans l’histoire de la médecine, les fascias suscitent de plus en plus d’intérêt au cours des dernières années. Leur rôle essentiel dans l’organisme est désormais mis sous lumière, si bien que de plus en plus de professionnels de la santé ont recours à la fasciathérapie pour leurs patients. On vous aide vous aussi à y voir plus clair sur la fasciathérapie, ses bienfaits, ses principes et son indication.
Qu’appelle-t-on fasciathérapie ?
Les fascias sont des membranes qui enveloppent chaque structure de notre corps, créant ainsi une continuité dans notre organisme. Chacun de nos muscles, articulations, os, nerfs et organes est ainsi couvert par des fascias. Ils sont constitués de collagène, ce qui leur donne un aspect gélatineux. On les divise en deux catégories principales : les fascias superficiels, directement sous la surface de la peau, et les fascias profonds, plus ancrés dans l’organisme, mais aussi plus épais et denses (2).
Ces membranes, tout en maintenant les différentes parties de notre corps, les séparent et les relient, formant ainsi une continuité dans notre organisme (1). Une de leurs fonctions principales, est aussi de stimuler la circulation lymphatique et sanguine (2).
Les fascias, en tant que tissus vivant de notre organisme, réagissent au stress, aux mauvaises postures et aux chocs. Ils peuvent ainsi se tendre et se contracter, perdre de leur souplesse et de leur viscosité, entraînant douleurs et inconfort. La fasciathérapie se base donc sur l’idée de manipuler ces fascias, notamment à l’aide de massages, dans le but de leur rendre leur souplesse, et ainsi améliorer le bien-être du patient. Les fascias jouent un rôle clef dans la circulation sanguine et lymphatique, puisque leurs mouvements et contractions stimulent les vaisseaux. Leur perte de tonicité peut donc, à l’inverse, entraver la circulation vasculaire et entraîner des douleurs aigües, des crampes ou sensations de faiblesse. La fasciathérapie repose donc sur le principe de soigner les fascias, puisqu’ils jouent un rôle majeur dans l’organisme, et donc de se procurer de multiples bienfaits.
Si la plupart des gens ne connaissent pas ce nom, c’est que les fascias sont longtemps restés ignorés des études anatomiques et de la médecine. C’est notamment Danis Bois, kinésithérapeute et ostéopathe de formation, aujourd’hui professeur à l’Université Fernando Pessoa de Porto, qui a mis en lumière ces parties du corps, en mettant au point la méthode Danis Bois de fasciathérapie en 1980. En se basant sur ses observations d’ostéopathie, il remarque que les fascias réagissent au stress et aux émotions du patient, créant des zones plus ou moins denses, qui entravent la mobilité. Il considère dès lors les fascias comme « le squelette psychique de l’individu », avec une « dimension biographique », puisqu’ils impriment les événements traumatiques du patient (3).
Tout en ressemblant à la kinésithérapie, la fasciathérapie repose sur les principes de l’ostéopathie. Cette pratique, mise au point par l’Américain Andrew Taylor Still en 1874, repose sur l’idée de manipuler le système musculo-squeletique et les tissus, dans le but de soulager le patient de ses douleurs chroniques, mais aussi de lui apporter bien-être et détente. Attention à ne pas confondre : il ne s’agit pas ici d’un massage, cette thérapie repose sur un toucher délicat sur des points de contact précis et stratégiques.
Quels sont les bienfaits d’une séance de fasciathérapie ?
La fasciathérapie permet de soulager les douleurs d’un patient, mais aussi de lui rendre de sa mobilité et de sa souplesse. Il s’agit de libérer les membranes étendues dans tout le corps, de leurs différents traumatismes, physiques ou psychiques, grâce à l’aide d’un praticien. La séance peut également être réalisée en autonomie, en utilisant des outils comme ceux de Backroll.
Ainsi, la fasciathérapie peut s’avérer bénéfique dans différents cas de figure. En traumatologie, elle s’avère utile en complément d’un suivi en médecine conventionnelle, pour améliorer le traitement et diminuer les douleurs. On peut ainsi y avoir recours pour :
- Soulager les entorses ou autres traumatismes, en détendant les fascias contractés lors du choc ;
- Corriger les problèmes de posture ;
- Soulager les douleurs liées à une affection musculaire ;
- Soulager un mal de dos ;
- Soulager les douleurs au cou ou au dos ;
- Soulager les douleurs articulaires ;
- Soulager les douleurs aux épaules ;
- Soulager les migraines en détendant les zones cervicales et céphaliques ;
- Soulager la névralgie ;
- Soulager une bronchite, l’asthme ou la toux en améliorant la souplesse de la cage thoracique ;
- Soulager les inflammations ;
- Accompagner la rééducation, que ce soit après une blessure ou une intervention chirurgicale (4) ;
- Soulager les troubles digestifs.
En raison du rôle des fascias dans la circulation des fluides corporels, et notamment du sang et de la lymphe, la fasciathérapie s’avère également une alliée de choix dans les cas de figure suivants :
- Soigner un problème de circulation sanguine ;
- Soigner les affections lymphatiques ;
- Soulager les problèmes circulatoires pendant la grossesse (4) ;
- Soulager les problèmes circulatoires post-partum (4) ;
Enfin, la fasciathérapie a aussi un effet sur des troubles plus psychiques, liés au bien-être, et permet ainsi de :
- Diminuer la nervosité (5) ;
- Améliorer l’état psychique après un épisode traumatique (5) ;
- Diminuer la fatigue (5) ;
- Freiner l’insomnie (5) ;
- Diminuer l’anxiété ;
- Améliorer les désordres digestifs fonctionnels (5).
De quoi se compose une séance de fasciathérapie ?
Il est possible de pratiquer la fasciathérapie à l’aide d’un professionnel de santé ou tout seul à l’aide d’outils comme les rouleaux de massage. Dans le premier cas, il faudra faire appel à un fasciathérapeute, un ostéopathe, un kinésithérapeute ou même un médecin généraliste.
La séance débute toujours par une première phase de diagnostic, lors de laquelle le praticien va conduire le dialogue avec son patient, en le questionnant, de manière à parfaitement identifier ses besoins et éventuellement, ses antécédents.
Dans un second temps, le thérapeute va débuter la manipulation manuelle. Il va pratiquer un toucher fin : à la fois précis, délicat et très lent. Ce mouvement expert lui permet notamment de discerner les éventuels nœuds, tensions, mouvements, et zones de densité du fascia, pour venir directement les travailler. Le médecin peut par ailleurs faire appel à différentes techniques, issues par exemple du Rolfing, qui vient traiter directement le muscle ou du relâchement myofascial, qui se concentre sur les tissus mous pour traiter les douleurs somatiques. La séance dure généralement autour d’une heure, et peut être renouvelée selon les cas et les troubles à traiter.
Il est également possible de réaliser des exercices de fasciathérapie soi-même, en suivant les instructions données par le thérapeute, pour un exercice parfaitement adapté à vos besoins, vos douleurs et éventuels antécédents. Dans ces cas-là, il peut être utile de faire appel à une balle de massage, à faire rouler doucement sur la zone à traiter. Gardez une pression très légère, et n’insistez pas si le massage provoque une douleur.
Existe-t-il des contres-indications ou dangers à la fasciathérapie ?
Les mouvements de la fasciathérapie sont très délicats, pour venir travailler sur ces membranes fines que sont les fascias, plutôt que sur les muscles, comme on le fait avec un massage bien plus ferme. Ainsi, ils sont sans danger, et ne comportent pas de contre-indications absolues. Toutefois, il est absolument nécessaire de demander l’avis d’un médecin, si vous êtes atteints de phlébite, maladie cardio-vasculaire, migraine, hernie discale, ou si vous avez des doutes et questions concernant vos antécédents.
Utilité de la fasciathérapie dans le sport
Lors de la pratique du sport, les chocs répétés, la surutilisation des articulations et les petits traumatismes localisés peuvent provoquer une contraction des fascias. En plus de faire perdre de sa mobilité au sportif, cela peut entraîner des douleurs et des pressions. C’est pourquoi la fasciathérapie peut s’avérer une alliée de choix pour accompagner certains sportifs, mais aussi pour leur aider à optimiser leur souplesse, et ainsi optimiser leurs performances.
En plus d’accompagner la pratique régulière du sport, la fasciathérapie a aussi une carte à jouer en cas de blessure ou de rééducation. Ainsi, en cas de tendinite, d’entorse, de fracture, ou de traumatismes répétés, le sportif peut faire le choix d’être accompagné d’un praticien. Cela s’avère particulièrement utile lors de la pratique de sports plus traumatiques, comme la boxe, la course à pied, le football, le basketball, la gymnastique, le saut en hauteur…
Bibliographie
Bordoni, B., Mahabadi, N., & Varacallo, M. (2018). Anatomy, fascia.
Benjamin, M. (2009). The fascia of the limbs and back–a review. Journal of anatomy, 214(1), 1-18.
Bois, D. (2009). De la fasciathérapie à la somato-psychopédagogie. Sujet Sensible et Renouvellement du Moi, les Apports de la Fasciathérapie et de la Somato-psychopédagogie. Paris : Point d’appui.
Réseau des massothérapeutes professionnels du Québec. Fasciathérapie. Rmpq.ca.
Quéré N. (2022). Soigner son corps avec les fascias. Une nouvelle pratique de santé et bien-être. Dauphin Editions 2022.